Après trois années d’étude à l’école Boulle, j’ai imaginé un projet de diplôme autour de la problématique des « non-lieux ». Espaces humains sans réelle humanité, des hommes s’y mélangent, se croisent sans véritablement échanger. Souvent lieu de passage, les gares et les aéroports forment des exemples typiques où le passager n’investi le lieu qu’en le traversant.
Alors que nous vivons dans une société où le temps est compté, il me paraissait intéressant de penser un mobilier permettant de rendre utile et agréable ce temps d’attente, faire de ce lieu, un espace rassurant, invitant chacun à s’ouvrir à l’autre. Environnement aseptisé, culturellement peu marqué, il fallait respecter cette optique et faire de ce mobilier un objet polyvalent, appropriable par tout un chacun. J’ai donc choisi de travailler sur une assise qui viendrait aider les voyageurs en transit à créer du lien les uns avec les autres.
Cette grande méridienne confortable vint nous envelopper pour nous apporter un sentiment de sécurité, rare dans les salles d’attente des noeuds aéroportuaires. Assis, debout, à demi couché voire couché, seul ou à plusieurs, cette assise « rencontre en escale » peut s’apprivoiser de toutes les manières. Intégrer à un « non-lieu », elle crée une bulle, un espace dans un espace où l’échange et la rencontre deviennent possible. La question de l’entretien fut au coeur de mes préoccupations lors des choix de matériaux : le simili cuir rend son entretien facile alors que l’on sait que la méridienne connaitra une manipulation parfois « excessive » de la part des utilisateurs (nourriture, boisson, chaussures, jeux d’enfant …). La solidité de la structure en acier et contreplaqué rend d’avantage pérenne l’objet placé dans cet espace public.
